dimanche 18 janvier 2015

Loin des Hommes




 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
De prime abord, ce film ne paie pas de mine.
Peu ou pas de communications, une affiche proposant un paysage désolant, un synopsis qui n'a rien d'attirant. 
Puis il y eu l'envie de voir Viggo Mortensen jouer avec Reda Kateb. Et le sujet, l'Algérie des années 50, ces années de guerre qui ont précédées l'Indépendance.
C'est donc forte de ma curiosité que je suis allée voir ce film, Vendredi soir en sortant du travail, une récompense méritée après une semaine surmenée.
 
Daru, maître d'école d'une classe d'une vingtaine d'élèves, vit en Algérie, dans les plateaux de l'Atlas. Il y vit une vie paisible, solitaire, en contact permanent avec la nature. Il semble que la seule présence qu'il accepte, est celle des enfants qui descendent, chaque jour, des montagnes voisines pour apprendre à lire et à écrire dans cette école isolée.
 
Nous sommes en 1954, les rebelles s'organisent contre la colonisation française pour réclamer l'indépendance de l'Algérie, leur pays. Des actes isolés et des tueries commencent à inquiéter le pouvoir.
Daru, tranquille dans sa petite école, semble ignorer ce qui se passe à quelques kilomètres de chez lui.
Un jour, un homme devant être jugé pour meurtre va lui être confié. Daru doit l'emmener dans la ville voisine, afin d'assister à son procès et être condamné à mort.
Réticent à l'idée de mener un homme à une mort certaine et d'abandonner son école, il se voit contraint d'exécuter cette mission par les gendarmes français.
Daru doit faire un choix, on lui demande de prouver sa loyauté envers la France et d'une certaine façon de prendre part à une guerre qu'il ne considère pas comme la sienne.
C'est au cours de ce périple que nous allons découvrir la personnalité de Daru.
Lui qui semblait n'être rien d'autre qu'un instituteur de campagne, va s'avérer être un homme de terrain, efficace et plein de ressources.
Ancien commandant durant la seconde Guerre Mondiale, Daru est familier des armes, de la guerre et plus encore de l'instinct de survie.
C'est cet instinct que Mohammed n'a pas. Il ne profite pas des occasions qui lui sont offertes pour s'enfuir. Au contraire il s'attache à Daru et s'entête à le suivre pour atteindre la ville de Ti où il doit être jugé et mourir.
Cette incompréhension ne va pas empêcher les deux hommes de se lier d'amitié.
Le voyage qui devait conduire un bourreau et sa victime sur le chemin de la mort, va s'avérer être un chemin vers la liberté et la vie.
Les deux hommes que tout opposait, vont se retrouver autour des mêmes valeurs, que sont l'amour de leur pays l'Algérie, l'honneur et le courage.
Dès lors, Daru ne cessera pas de pousser Mohammed à s'enfuir et à vivre plutôt qu'à mourir pour sauver son honneur.
Car Mohammed a tué et il sait que ce sang, il doit le rendre. C'est la loi du Talion "œil pour œil, dent pour dent". Pour protéger sa famille et empêcher que la vengeance ne s'abatte sur elle, il doit se rendre et mourir. Ainsi le cycle infernal prendra fin.
Daru connaît la valeur de la vie ; des compagnons d'armes, il en a vu mourir par centaines, l'importance de vivre malgré tout, il la connaît.
En poussant Mohammed à vivre, Daru veut permettre à ce jeune homme d'avoir une chance, la chance que lui n'a pas eu en perdant sa femme et en ayant vécu l'horreur de la guerre.
Mohammed finira par prendre sa décision.
Daru, sa mission accomplie, retrouvera ses élèves pour un dernier jour de classe.
Il sait qu'il ne peut plus rester dans ce pays qui n'est plus le sien, un pays dans lequel deux hommes nés sur la même terre, se font la guerre.
Une guerre, il ne veut plus en vivre. S'il doit en mener une autre, c'est pour sa propre vie ; arrêter de survive et vivre à nouveau, pleinement.